Moi, je suis vraiment hyper evil. Déjà je le suis forcement plus que toi. Déjà. Et pourquoi, te demandes-tu ? C’est pourtant simple. Moi j’ai l’attitude, le mode de vie. Partout où je vais, je m’efforce de froncer les sourcils pour jeter des regards méchants à l’assistance ou aux êtres inférieurs qui n’écoutent pas de métal (nan mais t’imagines ?! La plupart n’a jamais entendu parler d’Aptitude to strangulate in agony !!!). Dans la rue c’est pareil. Je fais baisser les yeux aux gamins. Bon par contre, en croisant une bande de racailles, là , en général je change de trottoir pour pas m’énerver, sinon je les savaterais tous, ce serait trop horrible. C’est que forcément, en tant que hyper evil, je suis dangereux tu vois, moi je sui un ouf dans ma tête moi !!! Tu flippes hein ? Normal. Une fois arrivé dans l’un de mes lieux de prédilection, un bar par exemple (ça marche aussi avec les files d’attente des concerts), pour qu’ils comprennent tous que leur idole vient d’arriver, je reste planté au milieu de la salle en parlant fort, exhibant fièrement mon nouveau t-shirt d’un groupe norvégien au nom indéchiffrable et imprononçable, car ces cafards DOIVENT me remarquer. Ensuite, je fais le tour de la dite salle en scrutant chaque table avec insistance, au cas où il s’y trouverait des gens presque (j’insiste !) aussi evil que moi, avec qui il est de bon « true black goût » d’être vu, mais surtout en évitant ceux qui risquent de me casser la baraque car ils ont les cheveux courts, putain la honte !!! Heureusement, je suis passé maître dans l’art de reconnaître les gens quand ça m’arrange (quand j’ai soif et que je n’ai pas une thune en poche par exemple). Ensuite, toujours en conservant les sourcils froncés et en élevant les épaules, je m’assied à une table qui me semble digne de ma présence (j’en profite pour piquer au passage la place de l’abrutit parti chercher une bière au comptoir), puis j’engage la conversation :
- alors t as écouté le nouveau putrid cadaver?
- ouais, c 'est celui avec Fredrich Nidelkelstrom ?
- non avec Helmut Korgndetrum
- ah ouaiiiiis et le dernier ORIGIN il est trop bruutal !!!!
- ah ouais il joue trop vite (c’est qui Origin ??? Merde ! Heureusement cette réponse marche à tous les coups)
- nan mais je sais pas comment il fait pour jouer aussi vite avec une pédale whawha
- le solo désaccordé 3 tons en dessous c’est plus true black plus que hyper brutal death
- je les ai vu au dernier Manifest tribut to the empaled crucifixion...
- sauf que la voix est un peu trop commerciale (je retiens très bien les conversations des soirées précédentes, heureusement)
- ça ressemble à du rotted carcass of evil goat
- NAN TU DÉLIRE CARRÉMENT PAS !!!, ça sonne plutôt Inverted Cadaveric
- bah si je suis désolé mais le touché sur le solo de tapping de la 15 c’est typique de rotted carcass of evil goat
- c pas du tapping !!!
- mais si !!!
- nan nan nan je crois que tu t’éloignes de la scène là !
- rotted carcass of evil goat c'est le projet parallèle de desecration of human christian anus
- j’suis désolé, tu mélanges pas death et metawl steuplé
- au contraire c toi qui vend ton âme au commerce
- nan j écoute que du true et la scène alternative norvégienne en plus
- (l’abrutit aux cheveux court parti chercher sa bière revient) : et à part ça les gars ? vous racontez quoi ?
- bah eeeuuuuuuuh
- j’ai perdu un écusson
- quoi ? le batteur de Mayhem in the nursery s'est acheté une nouvelle crash ? Haaaaaaaaa bah ouais »
Après avoir copieusement étalé ma culture de groupes inconnus, je quitte la table pour en rejoindre une autre, et répéter le même scénario. Eh oui, en tant que true evil, j’ai un problème. Je n’ai que trois sujets de conversation : le métal, la bière, et Satan, aussi pour conserver ma crédibilité dans cette evil parade nuptiale et pour parvenir a séduire la poufiotte de 18 ans en pleine crise d’adolescence, il ne faut pas que quiconque se rende compte que je suis en fait ultra limité intellectuellement. Et en plus ça fait mystérieux. Raaaaaaah ! C’est déjà l’heure de rentrer, il est temps pour moi de quitter mes semblables absorbés par leur conversation sur le diamètre des baguettes utilisées par le batteur de Pagan Infernal dismemberator of christian dying babies, qui font super bien sonner son tome basse, c’est vrai (je m’en souviendrai pour une prochaine passionnante discussion). Je fait mine de prendre le temps de dire au revoir à chaque personnes attablées (bien que je me contrefoute de leur présence et que ceci me fasse plus mal au cœur qu’autre chose). Arrivé chez moi, je m’endors à pensant à la petite poufiotte de 18 ans, qui arborait tout de même un superbe décolleté ! (en plus elle était blonde et fan du 1er album de Cursed godfucker !) Ma nuit promet d’être humide…